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Un film de Bernard Richard
Production Le Carnet Rouge

 

Tenir compte de la vie psychique

Des psychiatres, psychologues, psychomotriciens, infirmiers, éducateurs, orthophonistes, secrétaires, aides-soignants travaillent dans les hôpitaux de jour où ils sont confrontés quotidiennement à de jeunes enfants et adolescents présentant des troubles autistiques ou des troubles envahissants du développement. Ces professionnels font un travail de qualité dans lequel l'écoute et l'inventivité thérapeutique dominent. Ils sont aujourd’hui l’objet d’une mise à l'index par un lobby comportementaliste très bruyant qui semble fasciner certains médias. Ces médias qui trompettent l’explosion du nombre des autistes (x 20) et surévaluent, parmi ces derniers, la proportion des Asperger, les autistes de « haut niveau ».

De nombreux chercheurs, psychiatres, psychologues, psychanalystes avec certains de leurs collègues neurophysiologistes, biologistes, neuropédiatres, généticiens, continuent de soutenir, avec de nombreux autres scientifiques, que notre psychisme, nos pensées se construisent, que notre base génétique et neurologique est modelée, complexifiée par toutes les rencontres heureuses ou désastreuses de l'existence et qu'elle est influencée par notre environnement. Les détracteurs de cette approche psychodynamique du développement, de la construction psychique et neurodéveloppementale centrent leurs attaques sur (ce qu’ils appellent et se représentent comme) la "psychanalyse" et se constituent en groupe de pression militant qui vont de plus en plus loin dans leurs actions.

Des lobbies à l'offensive

Leur influence s’étend, avec la complicité de parlementaires conservateurs, jusqu’aux plus hautes sphères de l'Etat. La Haute Autorité de Santé avait inclus dans ses préconisations l'arrêt de tout traitement psychanalytique pour les enfants autistes. La publication de certains éléments par la presse a un peu freiné son ardeur.

Maintenant ils souhaitent faire une proposition de loi, portée par le député Fasquelle (UMP), pour interdire la psychanalyse dans les hôpitaux de jour.

Et le 2 mai 2013, la ministre chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion du gouvernement socialiste a pu déclarer :

"En France depuis quarante ans, l'approche psychanalytique est partout, et aujourd'hui elle concentre tous les moyens. Il est temps de laisser la place à d'autres méthodes pour une raison simple : ce sont celles qui marchent, et qui sont recommandées par la Haute Autorité de Santé." "Que les choses soient claires", ajoute-t-elle en forme d'avertissement, "n'auront les moyens pour agir que les établissements qui travailleront dans le sens où nous leur demanderons de travailler".

Or pour l'instant, il n’y a en France aucune étude achevée de grande envergure pouvant faire état de la supériorité d'une pratique sur l'autre, qu'elle soit d'ordre cognitiviste, comportementaliste, médicamenteuse ou psychanalytique. Ce travail est en cours mais n’a pas encore abouti. C'est un travail considérable qui s'étend sur plusieurs années. Donc de nombreux parents - mais pas tous les parents - sont leurrés en permanence et s'accrochent bien entendu à l’espoir que suscite la parole des bonimenteurs.

Il nous semble que la dérive qui est à l'œuvre sous l’influence de puissants lobbies est suffisamment grave pour être portée à la connaissance de tous, et notamment des élus, et qu’on sache enfin ce qui se cacherait derrière une formulation, « l’approche psychanalytique », suffisamment vague pour nourrir tous les fantasmes, y compris celui qu’on allongerait sur un divan des enfants qui ne parlent pas. Tout cela se fonde sur l’ignorance de ce que recouvrent le terme et la pratique de psychothérapie institutionnelle depuis plus de 60 ans.

Que fait-on aujourd'hui dans les hôpitaux de jour ?

Alors que fait-on aujourd’hui dans les hôpitaux de jour ? Qu’est-ce que la pédopsychiatrie « à la française » qui exige que le sujet autiste reste au centre de la préoccupation des soignants sous toutes ses facettes inhérentes à l'humain et dans une conscientisation permanente ?

Comment les praticiens remplissent-ils leur mission ? Quelle thérapeutique, fondée sur quelle longue pratique clinique et quelle constante recherche théorique, est mise en œuvre dans ces établissements de santé, en France ?

Nous avons eu la chance de pouvoir filmer longuement dans un hôpital de jour d’un secteur pédopsychiatrique. La direction du centre hospitalier, les enfants, les soignants et les parents d’enfants accueillis ont participé activement à ce projet. Ce service hospitalier remplit une mission résolument thérapeutique. Il accueille des enfants autistes, psychotiques, dysharmoniques (ces pathologies étant aujourd’hui classées « troubles du spectre autistique ») et des enfants qui souffrent de graves troubles du comportement.

Le film donne la parole aux praticiens afin qu’ils nous montrent et nous explicitent le pourquoi et le comment de leurs pratiques de soins. Mais également aux parents afin qu’ils évaluent ce travail – et ses résultats - et qu’ils expriment la part qu’ils prennent dans les soins apportés à leurs enfants.

La psychothérapie institutionnelle est une pratique vivante, créative nécessairement collective. Comment ça soigne, comment ça marche et comment ça respecte l’humanité des sujets avec autisme, tel est le questionnement de ce film.

Les enfants, des parents et les soignants en témoignent sans aucun commentaire.

B. Richard, réalisateur.

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Editeur : Le Carnet Rouge / Hébergement : OVH